Dans son élément

[4e jour, après-midi]

Mugas tentait de se remettre des ses émotions déroulées dans sa chambre.
Rien de mieux pour cela que de faire un tour dans le jardin qu'il avait repéré du coin de l'oeil à son arrivée :

"La nature, quoi de mieux? Une petite bouffée d'air et hop, on arrive à se remettre dans le droit chemin... fini les soucis et les petits tracas quotidien.
On ne se sent pas bien physiquement? Une petite bouffée d'oxygène... et si ce n'est pas suffisant, qu'à ce la ne tienne, on en prend une seconde.
En revanche, pas de troisième bouffée. Si jamais les deux inspirations et expirations ne viennent pas à bout des maux, il faudrait penser à consulter un médecin et se gaver de médoc".

En tout cas, Mugas, lui n'avait besoin que d'un quart de bouffée pour se ressaisir tant sa sensibilité était à fleur de pot dans un lieu pareil. On en dirait pas autant entre 4 murs de béton.

Mugas partait dans son délire de monologue sans se rendre compte qu'il pouvait être ridicule et à tout moment repéré par quelques élèves voire la directrice. De ce monologue suivait toute une série de gestes et de danses.
En tout cas, il était comme un gosse dans une chambre remplie de jouets et s'épanouissait à chaque variété de plante ou de fleur découverte.
Il s'arrêtait sur une touffe de Lilas pour s'infuser les narines de leur odeur puis passait sur un bosquet de jasmin qu'il ne pouvait pas s'empêcher de caresser.
Courant de buissons en buissons, il stoppa net sur... une revue en papier glacé, le genre de magazine people que les jeunes ados prépubères adorent lire pour leur soi-disant culture.
Il est vrai qu'on est cultivé un maximum lorsqu'on sait que Jean Cule est devenu homosexuel à cause de sa rupture avec une actrice porno et qu'il aurait une liaison secrète avec l'ex petit ami de Britney Spurs...

"Hum..."

Il regarda l'objet de manière intriguée en se demandant s'il avait réellement sa place.
Après mûre réflexion, il se dit qu'aucun arbre de sa connaissance ne donnait de feuilles pareilles.

"AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH"

Bien remonté contre tous ces gens qui ne respectent pas la nature, il se dit qu'il s'en prendrait à la première personne qui aurait le malheur de croiser son chemin.

[Rp ouvert à ceux qui veulent se prendre une engueulade ^^]

[ Moi, moi, moi ! Je suis toujours partante pour que mes persos se fassent engueuler Laughing

]

" Houla... ", s'exclama pâteusement - et intelligemment avouons le - un Samael réveillé en sursaut par le cri de son professeur.

Occupé à faire la sieste sous un cerisier, il s'était fait un petit nid tout douillet pour pouvoir roupiller en toute quiétude. Et voilà qu'on venait le déranger en hurlant juste à côté de lui ! Franchement, quel manque de respect pour les amateurs comme lui de la nature qui... Enfin, disons plutôt pour les amateurs comme lui de la pelouse très confortable où il faisait bon sommeiller pendant que les oiseaux copulaient dans la joie et la bonne humeur.

Un oreiller artisanal confectionné de ses mains à l'aide d'un T-shirt roulé en boule, il était en effet allongé dans l'herbe, les yeux fermés à attendre que le temps passe. Il n'y avait vraiment rien de mieux que glander dans la vie. Ah si, dormir peut-être. Bref, le cri l'avait fait se redresser, ses cheveux partant dans tous les sens, ses yeux gris ensommeillés et une de ses mains occupée à étouffer un énorme bâillement.

" Si vous pouviez faire moins de bruit, y'en a qui essaient de dormir... ", marmonna-t-il en clignant plusieurs fois des yeux dans l'espoir que sa vision devienne un peu moins trouble.

Peine perdue. Découragé, il se laissa retomber sur le dos, les bras en croix, bien décidé à faire le mort jusqu'à ce que l'individu si bruyant ne se décide à aller voir ailleurs. A ceci près qu'il aperçut le magazine dans les mains de l'homme et qu'il se remit à nouveau en position assise avec un sourire enjoué.

" Si vous avez fini de le lire, je peux l'avoir ? ", demanda-t-il en pointant la revue du doigt. Pas qu'il s'intéressait aux histoires d'amour mouvementées du showbiz mais c'était toujours marrant à lire ce genre de trucs.

" Si vous pouviez faire moins de bruit, y'en a qui essaient de dormir... ", entenda-t-il dans son excès d'humeur.

Il ne fallu pas un millième de seconde pour que Mugas se retourne pour voir apparaître une drôle de personnage négligé. Ce jeune blond semblait être tout à fait le stéréotype du jeune glandeur, tout du moins en apparence : Allure négligée tant dans la tenue vestimentaire que dans la coiffure et dans sa démarche.
Assis au pied de l'arbre, on aurait pu penser que cette jeune personne était un adepte de la nature - ce qui aurait bien pu plaire à Mugas - mais sa position et ses paroles le trahissaient et on voyait tout de suite qu'il était là entrain de flemmarder (Tous les profs disent ça quand ils ne voient pas les élèves avec un bouquin entre les mains).
Cependant, aveuglé par la colère, ce n'est pas ce que Mugas allait lui reprocher, surtout quand le blond lui dit :

" Si vous avez fini de le lire, je peux l'avoir ? "

A ces mots, le sang monta à la tête de Mugas.

*Comment? Ce jeune insolent ose prétendre que je lis ce genre d'obsénité? Cette chose que j'ai trouvé par terre au milieu du jardin?
Graaaaaaaah, je craaaaque*

S'approchant du cerisier, d'un pas nonchalent :

"Avoue que c'est toi qui oses balancer ce genre de revue dans le jardin !!!
Comment oses-tu abimer ce que la nature nous a fait de plus beau, en polluant ?!!
Autant tu peux balancer ce que tu veux dans la rue parce qu'il y'a du goudron et que le goudron, c'est mal. Mais là, dans le jardin où se regroupe tant de vie:
C'est INADMISSIBLE !!! Je ferai en sorte que tu fasses des travaux d'intérêt généraux tout au long de l'année en passant tes heures de pause à nettoyer le jardin.
Et encore, c'est un moindre mal pour ce que tu as fait.

Et surtout, ne me dis pas que ce n'est pas toi, ce serait ta parole contre la mienne."

A ces mots, Mugas donna le magazine au jeune garçon non pas pour qu'il le lise. En effet, il montra d'un geste de la tête une poubelle qui trainait non loin de là et que sa première tâche en tant que HRGJP (Haut Responsable de Garantie des Jardins Propres) était d'assurer le convoi de la revue, de Mugas vers la poubelle.

"Et surtout dépêche-toi, j'en ai pas fini avec toi...
Au fait, c'est quoi ton blaze?"

Absolument pas refroidi par le ton de son professeur, Sam l'écouta sans l'interrompre, ses yeux gris plongés avec ennui et sans la moindre gêne dans ceux de l'étrange personnage. Il ne cilla même pas devant les accusations dont il ne saisit pas tous les détails, se demandant seulement si le flot de paroles allait s'interrompre un jour où s'il allait devoir coller les lèvres si bruyantes. A cette idée, un sourire étira subtilement les siennes mais un soupçon de sagesse le déconseilla de rire.

" Ben... ", finit-il par répondre en se frottant les cheveux d'un air ennuyé. Se demandant quelle réponse lui permettrait le plus vite de retourner dormir, il s'accorda un court instant de réflexion. Ses doigts délaissant ses épis pour venir frotter son menton, il émit quelques 'hmm' pensifs tout en jaugeant l'homme d'un regard perplexe.

" Okay, je veux bien dire que le magazine est à moi, même si vous avez pas de preuve et que je vois pas pourquoi votre parole vaudrait plus que la mienne et qu'en plus j'ai jamais vu ce truc de ma vie et que c'est pour ça que je voulais le lire et que... bref, on va dire que c'est à moi, si ça peut vous faire plaisir. "

Un hochement de tête satisfait accompagna sa réponse, se sentant l'âme d'un martyr pour s'être autant sacrifié pour la bonne cause. Ou plutôt pour la santé du pauvre bonhomme qui semblait au bord de l'apoplexie. Jusqu'à ce qu'il se souvienne d'un détail et qu'il fronce les sourcils.

" Par contre, pas de travaux d'intérêt général, merci bien. C'est que j'ai du sommeil à rattraper moi, M'sieur. ", précisa-t-il avec un sourire candide qui aurait sûrement été plus crédible s'il n'enfournait pas un chewing gum dans sa bouche au même moment.

" En tout cas, vous devriez pas vous mettre dans des états pareil pour si peu, c'est pas bon pour votre coeur vous savez. "

Inquiet pour l'équilibre mental de son professeur, Sam accepta la brochure qu'on lui tendait et tourna vaguement la tête pour voir ce que lui pointait l'inconnu. Une poubelle. Génial, et alors ? C'est pas comme s'il avait envie de se lever pour aller jeter quelque chose, il était très bien où il était. En plus, maintenant il avait de la lecture...

" Ca dépend... ", répondit-il distraitement en faisant claquer une bulle de chewing-gum, les yeux occupés à lire la couverture du magazine. " C'est quoi un blaze ? "

Devant tant de flegme, le professeur perdit un peu ses mots et se calma un tantinet. On disait souvent que les plus feinéants étaient les plus intelligents. Il fallait donc faire attention à ses paroles pour éviter de se retrouver dans la position délicate de ne plus savoir quoi répondre.
Mugas n'était pas vraiment l'autorité incarnée m'enfin dès qu'on commençait à toucher aux plantes et à l'environnement naturel en général, c'était plus fort que lui, il se mettait dans tous ses états.

"Okay, je reconnais que je me suis UN PEU laissé allé et je t'ai tenu responsable d'une chose que tu n'as finalement peut être pas commise".

Il fallait être juste avec ses élèves, peut être qu'au final ils le rendraient bien.

"Ce magazine ne t'appartient donc pas? Soit, il est vrai que tu n'as pas une tête de furie pucelle en quête d'une idole à la Brad Pott ou d'un mâle en rut près à sauter sur la première Paris Hilthon venue."

C'est qu'il en connait des noms de stars le Mugas. N'a-t-il pas un passé compromettant qui lui vaut tant de frustrations?
Il releva ses lunettes un peu desaxés par rapport à son nez (Surement dû à son emportement) pour essayer de sonder un peu plus son interlocuteur.

"Mais, ce n'est pas pour autant que je vais t'inciter à lire ce genre de débilité donc pour la lecture, je t'inviterai lourdement à feuilleter 'Le tronc des cerisiers' qui devrait te passionner plus que les autres livres inutiles de restructuration moléculaire ou je ne sais quoi."

Remettant sa veste, le col de sa chemise et un sourire malicieux en place, il continua :

"Et en ce qui concerne les travaux d'intérêt généraux, c'est une idée à exploiter et dont je parlerai à la directrice. Il semblerait que tu raffoles de la nature et j'avoue que je te proposerai volontier en tant que volontaire forcé en ce qui concerne le jardin, qu'en penses-tu? Peu importe le sommeil que tu as en retard, tu le rattraperas aux heures de nuit.

Il toussota :

"Une blaze? Eh bien, si moi je te dis que je suis Mr Harfleur, professeur de sciences végétales, toi tu me réponds que tu es?"

Dès lors, il sentit que son premier contact avec son premier élève était un échec. Il s'attendait à des cas sociaux m'enfin bon, celui-là semblait être un beau specimen de laboratoire.

Sam fut agréablement surpris quand l'homme lui offrit ce qui se rapprochait assez d'excuses. Il faut dire qu'il s'était attendu à subir encore quelques accusations puis à être puni pour un crime qu'il n'avait pourtant pas commis. Qu'un adulte admette ses torts était à ses yeux preuve de grande sagesse et un sentiment de profond respect pour l'homme l'envahit.

" Vous êtes tout pardonné, j'admets qu'il était facile de sauter à de telles conclusions. ", répondit-il admiratif envers sa propre personne pour tant de générosité de sa part. Oui il se jetait parfois des fleurs, mais puisque personne d'autre ne le faisait...

" Nan, j'achète pas ce genre de torchon mais c'est marrant à lire. C'est tellement ridicule. "

C'est vrai, quel intérêt de savoir qu'untel portait un boxer bleu à pois rose ou qu'unetelle préférait les porte-jartelles à paillettes, hein ? Tiens, cette chanteuse en était à sa sixième adoption... Elle voulait créer une équipe de football ou quoi ?

" Le tronc des cerisiers ? Je suis pas sûr de lire grand chose dans l'écorce des arbres vous savez. ", rétorqua-t-il avec un sourire candide en se demandant si c'était le titre d'un livre. Grand amateur de lecture qu'il était - c'était l'occupation la moins fatigante qu'il connaissait - il décida de se renseigner.

Le respect nouveau qu'il ressentait pour l'homme se transforma vite fait en méfiance quand il n'abandonna pas son idée de travaux généraux. Il était hors de question que Sam se retrouve jardinier alors qu'il n'avait rien fait pour mériter ça ! Il tenait à ses siestes, lui ! C'était un coup à lui faire louper son année scolaire, ça.

" J'en dis que vous ne devez pas tenir tant que ça au parc pour m'envisager comme jardinier. ", remarqua-t-il avec honnêteté en arrachant un brin d'herbe pour le mâchouiller. Non mais vraiment, vu sa motivation, son énergie débordante et ses facultés de concentration devant un effort physique quelconque, mieux vallait trouver quelqu'un d'autre. " Et les nuits sont pas assez longues, M'sieur. "

Si on avait laissé le choix à Samael, il aurait ajouté deux ou trois heures aux nuits pour pouvoir dormir un peu plus. Quoique, il aimait bien dormir dans la journée aussi... Et il n'était pas vraiment un couche-tôt non plus. C'est juste qu'une fois qu'il était peinard sur son lit, il lui fallait un bon moment avant d'arriver à se décider de se lever.

" Je réponds que je suis enchanté de faire votre connaissance M'sieur Harfleur et j'ajouterais : en quoi ça consiste les cours de sciences végétales ? "

Moui, Mugas cernait de plus en plus le garçn qui était en face de lui : UN BEAU FEIGNANT
En tout cas, il avait la lucidité de dire que ce torchon en forme de revue était des plus ridicules. Apparemment, il avait du le trouver à un endroit.
Malgré tout, il ne fallait pas s'arrêter là et Mugas était bien motivé à mener son enquête quant aux personnes qui s'intéressent à ce genre de chose.

Il était décidé à abandonner cette histoire de travaux d'intérêt généraux et à mettre lui-même la revue à la poubelle. Il sentait qu'il ne pouvait rien obtenir d'enrichissant de ce gamin à l'air mou et flegmatique.

Cependant, il lui expliqua :

"Lire dans les troncs des cerisiers n'est pas donner à tout le monde si on parle au sens brut du terme. Je t'informe alors qu'il existe un livre aux éditions "Le Loubard" qui porte ce titre. Je te conseille vivement d'y jeter un oeil si tu espéres pouvoir comprendre quelquechose à mes cours d'herbologie."

"Il est clair que si nous laissions ce parc entre vos mains profanatrices, nous risquerions de nous retrouver sur la Lune en moins d'une semaine. Malgré tout, je ne desespère pas. Puisque tu ne sais pas en quoi consistent les cours de sciences végétales, alors ne manque pas l'appel lors de mon premier cours où je m'empresserai de te faire une présentation détaillée.

Par la même occasion, je connaitrai enfin ton nom que tu as du mal à me lâcher.

Si tu veux bien m'excuser, j'ai d'autres choses à faire."

Mugas repartit en direction des bâtiments moyennant un petit détour vers une poubelle proche.

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