Colère trouve ses marques à la piscine :p

[HRP]Ceci se passe juste après la rencontre entre Yanne et May, donc dans l’après-midi du cinquième jour.[/HRP]

Après avoir quitté la fille sur son banc, Yanne courut assez longtemps, comme prévu. Il était bien forcé d’admettre que les sandales que Sérénité avait mises ne lui convenaient pas du tout : il avait préféré les enlever (elles étaient déjà très serrées avant cela) et les jeter près de l’entrée des jardins en y passant (contre l’avis de Sérénité, cependant), mais par contre, les autres vêtements ne le dérangeaient pas trop. Ce n’est finalement qu’une heure plus tard que le jeune homme s’accorda le droit de souffler un peu… Il était certes très endurant, mais bon, même quelqu’un comme lui finissait par avoir envie de faire autre chose que courir, activité quelque peu répétitive, à force… Et puis, même si ce corps était celui de Colère, l’emprise de Sérénité était restée suffisamment forte pour qu’il préfère tenter de se défouler autrement qu’en frappant quelque chose… ou quelqu’un… même malgré l’apparition du mystérieux inconnu qui n’avait pas vraiment aidé à calmer Colère. Depuis tout à l’heure, il n’avait pas été dérangé par d’autres voix mentales et il s’en portait plutôt bien…
Bien que fatigué, Colère ne se sentait pas vraiment défoulé : il avait encore de l’énergie à revendre, et après une courte pause pour reprendre son souffle, décida qu’il lui fallait encore plus d’exercice et qu’il ne comptait pas s’arrêter avec quelques foulées. Avisant le gymnase au loin, il eut l’idée d’aller y faire un tour : vu l’endroit où il se trouvait, il semblait probable les lieux seraient très bien équipés…
Au pas de course, il s’approcha de l’installation, se demandant à quelle activité il pourrait bien s’occuper au juste… Il n’était pas vraiment habillé pour faire du sport, mais après tout, Sérénité ne lui avait pas fait de remarque depuis une heure, elle n’allait pas commencer maintenant : si cela la dérangeait, elle n’avait qu’à mieux choisir ses habits, non ?
En arrivant, Colère vit qu’il y avait une piscine en annexe au gymnase, ce qui lui donna l’idée d’aller piquer une tête (au sens figuré du terme, hein)… Bon, là, d’accord, il n’était vraiment pas du tout habillé pour nager… Cependant, il savait que Sérénité n’avait pas pris de maillot de bain masculin en venant ici, et il n’avait de toute façon pas envie de s’embêter à retourner à sa chambre…
Entrant dans les locaux, il constata que l’endroit était désert, ce qui lui convenait : pour le moment, il n’avait guère envie de voir du monde. Peu disposé à faire des efforts, Yanne ne prit pas la peine de vérifier si des maillots de secours étaient disponibles. Il se déshabilla simplement au bord de la piscine, n’ayant guère envie d’être entravé dans ses mouvements par des habits mouillés… Par ailleurs, vous l’aurez sûrement constaté lors de l’incident avec Gabryël, il n’était pas particulièrement pudique… La seule chose qu'il garda sur lui était le collier que Sérénité avait mis ce matin : trop difficile pour lui à enlever sans le casser... et tant pis si l'eau abîmait les plumes...
Toujours seul, rien n’empêchait à présent le jeune sportif de faire « quelques » longueurs dans la piscine. Il se sentait coupé du monde : il était fort probable qu’il n’aurait rien remarqué si quelqu’un était entré à ce moment dans la piscine sans spécialement chercher à être repéré…

[sujet libre]

Seul dans l’immense espace qu’était la piscine de l’école, Colère enchaînait les longueurs, en alternant les nages… Au cas où quelqu’un serait arrivé, il évitait cependant tout de même de nager sur le dos : même si la nudité ne le dérangeait pas, il n’avait pas pour autant envie de s’exhiber aux yeux de tous… Enfin, « tous »… A chaque fois qu’il avait l’occasion de jeter un œil (non, pas au sens propre, je vous rassure) hors de l’eau, il restait sur son impression qu’il était toujours seul ici. Très bien, comme ça, il pouvait nager en paix…

La soirée était donc un peu entamée lorsque Yanne sortit de l’eau, une quarantaine de minutes plus tard. Il se sentait bizarre… Il n’avait pas l’habitude d’être aussi peu énervé… En fait, il était surtout épuisé, et cette impression devait probablement primer sur les autres.
Avisant le tas de vêtements qu’il avait laissé sur le bord de la piscine, il se fit la remarque qu’il aurait beaucoup de mal à les remettre lui-même, surtout trempé comme il l’était. Enfin, de toute façon, avant de faire quoi que ce soit, il fallait d’abord qu’il aille se laver.
Prenant la direction des douches, il sentit pourtant que quelque chose n’allait pas. Il ne s’en était pas rendu compte car la nage l’avait complètement obnubilé, mais Sérénité semblait s’activer, dans son esprit. Essayait-elle de profiter de ce qu’il était fatigué pour reprendre le dessus ? Cette simple pensée l’énerva assez pour qu’il oublie qu’il se sentait mieux qu’avant…

*Ah non ! Tu ne vas quand même pas vouloir contrôler ce corps dès que tu en auras la moindre occasion, si ? Tu sais, je n’ai pas toujours forcé, pour ma part : il t’est arrivé plusieurs fois d’être un peu énervée, sans pour autant que je cherche à te vaincre… Ne pourrais-tu pas au moins me laisser vivre un peu par moi-même à mon tour de temps en temps ?
-Ha ha ! Tu vois, Sérénité, je te l’avais bien dit ! Je savais que cette fois, ce serait plus difficile. Il suffit de te regarder pour se rendre compte que la liberté est quelque chose d’envoûtant… Il était facile de prévoir que notre cher Colère y prendrait goût, lui aussi…
-Oui, peut-être que tu me l’as dit, mais justement, moi aussi, je veux de cette liberté… Après tout, Yanne, c’est quand même moi en premier lieu, non ? Il serait normal que je reste la personnalité dominante, vous ne croyez pas ? Ne m’en veux pas, Colère, mais…
-QUOI ? Comment voudrais-tu que je ne t’en veuille pas, après ce que tu viens de dire ? Tu n’as pas l’air de te rendre compte que, justement, Yanne, ce n’est pas qu’une seule personnalité. Nous sommes tous une seule et même personne, vois-tu, et NOUS AVONS TOUS AUTANT LE DROIT DE NOUS MONTRER ! ! ! *

A ce moment, dans l’esprit de Yanne retentirent quelque sanglots, puis carrément des pleurs… Des pleurs que Yanne que connaissait plutôt bien, puisque c’était les siens… Enfin, les siens… Forcément que c’était les siens, mais en tout cas, Yanne se connaissait déjà cette voix…

*Ah ben c’est malin ! Tu es content de toi ? Tu as réussi à faire pleurer Tristesse ! Comme s’il avait besoin que tu l’aides en criant de la sorte. Mais tu es vraiment impossible, tu sais ?
-Ho ho ho ! Mais c’est pas croyable, on dirait vraiment un vieux couple, vous deux. Vous êtes si mignons… Vous le savez, ça ?
-Dis donc… Tu ne crois pas que tu ferais mieux de faire profil bas, toi ? Enfin, à la limite, merci de me rappeler que je voulais te poser quelques questions… Tout d’abord, vois-tu, ça m’intéresserait pas mal de savoir si tu as un nom…

Bon, d’accord, tu as aussi le droit de fuir, de faire comme si tu n’existais pas… S’il y a bien une chose que je ne peux pas, et ne veux pas non plus t’empêcher de faire, c’est bien de disparaître… Maintenant, Sérénité, puisque les pleurs de Tristesse semblent tant te déranger que ça, va donc le consoler, au lieu de moi.*

Colère n’écouta même pas la réponse de Sérénité, mais il s’en fichait pas mal. En se disputant ainsi avec elle, il était évident que la tension que cela générait lui permettrait de rester Colère encore quelque temps… C’était le premier but qu’il recherchait.
Il alla donc se rincer en vitesse, n’ayant aucun produit de douche pour réellement se laver. Après cela, bien qu’encore hésitant, il enfila le pantalon que Sérénité avait choisi ce matin, prit la peine de ramasser les autres habits et marcha en direction du château… Après tout, s’il avait fait la connaissance de ses camarades en suivant les discussions de Sérénité, eux au moins, ne le connaissaient pas. Il était peut-être temps qu’il aille se présenter à eux… Et tant pis pour celui qui se risquerait à vérifier s’il était aussi irritable et dangereux que Sérénité l’avait laissé entendre…

[HRP] Suite… à suivre...[/HRP]

Voilà déjà une bonne heur que Jonas faisait son petit jogging du soir dans le parc du château. Il avait enfilé un pantalon bleu et un T-Shirt jaune et avait couru pieds-nu dans l'herbe, vu qu'il aimait bien le contact de l'herbe fraîche... et parce qu'il avait oublié ses chaussures de jogging chez lui avant de venir à l'école, mais ça, c'est un détail...

Il s'était un peu perdu d'ailleurs dans l'immense parc qu'il ne connaissait pas bien encore, mais il n'avait pas grand chose à craindre de toute façon (à moins de tomber sur l'une des 'félines') et ainsi, le soleil couchant ne l'avait pas inquiété outre mesure. Cela faisait du bien de courir un peu, sans avoir de but précis et surtout : être seul. Il avait ainsi pu réfléchir un peu sur ses premiers jours passé dans cette 'école' et sur ses premières aventures. Après coup, beaucoup de choses le firent sourire, notamment le petit incident avec Miyu et sa première rencontre avec Sam. Il se sentait bien ici, malgré tout les 'dangers' qui pouvaient guetter un jeune homme aillé en cet endroit et c'était pour lui un vrai plaisir de rencontrer tant de personnes 'mutées' comme lui.

L'obscurité de la nuit commençait à se faire de plus en plus dense, quand Jonas vit enfin à nouveau un endroit qu'il connaissait : le gymnase. Il n'y avait pas encore mis les pieds, mais il savait par où il fallait aller maintenant pour rentrer au plus vite à l'école. Il devait déjà être l'heure du dîner et il avait encore une douche à prendre avant de pouvoir rejoindre ses amis dans la salle à manger.

Ce fut donc à mi-chemin entre le gymnase et l'entrée du château qu'il vit tout-à-coup
une silhouette marcher en face de lui. L'homme était apparemment d'origine africaine, était torse nu et avait les épaules plutôt... très larges.

* Ben dis donc... J'aimerai pas le rencontrer... la nuit ? *

Cette pensée quelque peu ridicule, vu l'heure fit rire Jonas de lui-même. Il s'approcha petit-à-petit de l'inconnu ; il était évident qu'il faisait aussi partie de l'école, comment aurait-il sinon pu venir dans le parc. Et qui sait, c'était peut-être même le prof de sport, vu sa stature.

Jonas fit encore quelques foulées et ralentissait ensuite. Le jeune homme avait ertainement dû l'entendre. Jonas lui adressa quelques mots :

« Bonsoir. Je suis Jonas...Vous êtes une nouveau professeur du école ? »

Il vit toujours le dos du jeune homme et pouvait maintenant voir qu'il n'avait pas seulement les épaules larges, mais qu'il était 'carrémént baraque' !

[HRP : Jonas va finir par me faire un procès pour maltraitance de personnages au cours de rps... XD /HRP]

Colère marchait rapidement vers le château, portant à la main les vêtements de Sérénité… Même si elle l’embêtait beaucoup, elle avait tout de même fait attention à s’habiller de manière assez large pour lui, au cas où. Quelque part, il lui devait bien de ramener ses affaires.
Soudain, Yanne entendit un bruit de pas dans son dos. Il n’était plus seul. Bah ! Tant pis, pour le moment, il s’en moquait. Ce n’était pas lui qui allait engager la conversation. Pas dans la situation actuelle, en tout cas. Il voulait certes faire personnellement la connaissance des autres habitants du château, mais n’avait pas particulièrement envie de le faire alors qu’il portait des habits de fille et des sandales à la main, marchant pieds nus dans les allées du jardin.
Au rythme des pas, le nouvel arrivant devait être en train de courir… Il le rattraperait sans trop tarder. Tant pis, Yanne n’avait pas envie de courir pour éviter la rencontre. Alors que les pas se rapprochaient, il entendit qu’ils ralentissaient, aussi. Visiblement, il était le seul ici à ne pas vouloir de cette rencontre. La voix du coureur s’éleva dans son dos :

« Bonsoir. Je suis Jonas... Vous êtes une nouveau professeur du école ? »

En entendant l’accent et la manière de parler, Yanne fut certain d’avoir affaire à Jonas, l’allemand ailé. Tant mieux, cela ne serait peut-être pas si déplaisant : le jeune homme lui avait semblé sympathique, quand Sérénité l’avait rencontré.
D’après la question de Jonas, celui-ci n’avait pas reconnu dans ce jeune noir musclé le fameux « Colère » contre qui Sérénité avait mis les autres mutants en garde. A moins qu’il n’ait malgré cela envie de faire sa connaissance. Tant mieux, en tout cas, il n’allait pas fuir immédiatement, dans ce cas. Certes, cela ne servirait de cacher qui il était. Mais cela lui permettrait d’établir un premier contact plus amical qu’avec Gabryël. Il se retourna donc vers Jonas, qu’il trouva moins impressionnant vu au travers des yeux de Colère qu’avec ceux de Sérénité :

« Bonsoir, Jonas Löfström. Ravi de te rencontrer enfin personnellement. »

Amusé, Yanne regarda la réaction de Jonas à une telle réponse. Et oui, il le connaissait déjà, en effet.

« Tu ne me reconnais pas ? Pourtant, on t’a déjà parlé de moi…
Je suis un élève au même titre que toi…
Et nous nous sommes déjà croisés… »

Un petit sourire en coin, Yanne laissait Jonas mijoter un peu… Finalement, il décida qu’il avait assez attendu. Cela l’énervait de rester là à ne rien faire, à porter les vêtements de son alter ego. Plus sèchement, il reprit donc :

« Je suis Yanne. Yanne Koghiba. Tu ne me connais pas sous cette apparence, mais je garde bien la même identité que celle à laquelle tu es habitué. Par contre, je le reconnais, je n’ai peut-être pas le même caractère que la Yanne que tu as rencontrée… Pour être plus précis, je suis Colère. »

Sans attendre davantage, Yanne se retourna et reprit sa marche. Il n’avait pas envie de discutailler dans le jardin. C’était le genre de chose qui risquait de trop le calmer… Il n’attendit pas Jonas : s’il voulait continuer de parler, il n’avait qu’à le suivre. S’il était tel qu’il le croyait, peut-être Colère pourrait rester à peu près sociable… De toute façon, après la natation, il n’était plus assez en forme pour être dangereux. Même s’il en venait à avoir envie de frapper Jonas, celui-ci serait sûrement à même de se défendre.

Jonas resta un peu perplexe aux premières remarques de Colère :

* Un élève ? Il a souvent été recalé alors... On s’est déjà croisé ? Eh ben... tu fumes quoi pépère, parce que de t’avoir croisé, je m’en souviendrais certainement ! *

Finalement la dernière réplique de Colère apporta les lumières nécessaires à Jonas pour faire ‘tilt’. Yanne lui avait raconté [HRP : on suppose à l’infirmerie, hein ? /HRP] que son corps changeait selon les sentiments qu’elle éprouvait. Elle avait certainement fait une description de ses alter-egos, mais Jonas ne se les était pas imaginés aussi... impressionants. Et en plus, en toute logique de la malchance de Jonas, il avait rencontré sa facette la plus ‘dangereuse’ d’après Yanne elle-même : Colère. Un petit mal-être s’installa dans le bas-ventre de Jonas quand il vit le changement soudain d’attitude de Colère, mais il fut en quelque sorte soulagé de le voir tout simplement partir et non le tabasser pour se passer les nerfs.

* Aïe la boulette ! Seul, la nuit, avec l’alter-ego brutal de Yanne ? … Enfin, il ne semblait pas si brutal qu’elle l’avait décrit tout de même... Je le voyais un peu moins ‘parlant’. Peut-être que Yanne ne m’a donné que la vision qu’elle avait de sa deuxième personnalité et non dit ce que Colère était réellement ? Une question qui méritte d’être un peu plus creusée... Et puis au pire : on est près du château, on m’entendra crier... *

Pas franchement rassuré, Jonas fit quelques foulées pour ratrapper Colère qui s’éloigna lentement. Sa curiosité l’avait emporté : il avait envie d’en savoir un peu plus sur Colère. Comment est-ce qu’il voyait Yanne ? Qu’est-ce qu’il pensait de l’école ? Est-ce qu’il voyait en même temps ce qu’elle voyait ? Les questions fusaient et Jonas s’adressa à Colère alors qu’il n’était pas encore tout à fait à sa hauteur :

„ Tu me connais ? Tu as le pareil... esprit que Yanne ? Tu vois comme elle pendant la même temps ? Et est-ce que tu pense pareil ? ”

Les questions n’étaient certes pas d’un français standrt, mais l’allemand espérait au moins que Colère allait le comprendre [et pas le tapper :p ].

Yanne avait déjà parcouru quelques mètres lorsque Jonas, laissé sur place, réagit et suivit Colère. Celui-ci eut un sourire de satisfaction en entendant les pas se rapprocher. Il était vrai qu’il ne s’était pas attendu à ce que le jeune homme cherche particulièrement à lui parler, après la présentation que Sérénité avait faite de lui. Apparemment, il avait su se montrer assez aimable pour que le jeune allemand ne soit pas réellement effrayé par lui.
C’est vrai, il lui arrivait parfois d’être violent, une fois énervé. Bon, d’accord, il était même facilement très violent. Cependant, lorsqu’il restait calme, il pouvait être de bonne compagnie. Bon, d’accord, jusqu’à présent, ce n’était pas arrivé souvent…
Quoiqu’il en soit, il pensait que Jonas allait simplement essayer de faire connaissance avec lui et non se contenter de la mise en garde de Sérénité. S’il y a bien une chose à laquelle il ne s’était pas attendu, c’était qu’il lui pose directement des questions sur sa mutation…

« Tu me connais ? Tu as le pareil... esprit que Yanne ? Tu vois comme elle pendant la même temps ? Et est-ce que tu pense pareil ? »

Même s’il était un peu surpris au début, Colère devait bien reconnaître que ces questions n’étaient pas réellement illogiques… Après tout, Jonas avait déjà rencontré Sérénité, il savait donc plus ou moins à qui il avait affaire. Et au fond, quoi de plus naturel que d’être intrigué par la manifestation de ce phénomène qu’était la mutation de Yanne ? Ravi d’avoir quelque chose à dire, Colère n’hésita pas plus longtemps avant de répondre, tant pour pouvoir placer un mot en limitant le nombre de questions de l’allemand que pour l’empêcher de devenir trop agaçant avec un tel débit…

« Euh…
Oui…
J’ai le même esprit que Yanne… Enfin en même temps, tu sais, je SUIS Yanne…
Je réponds à ce prénom au même titre que Sérénité, que tu connais. Ainsi que nos quelques autres personnalités… »

Colère évita volontairement d'évoquer le fait que Sérénité et lui ne connaissaient pas tous leurs alter egos : il n'avait pas envie de laisser entendre à un élève que d'autres surprises pouvaient toujours arriver... Il n'y avait aucune raison de risquer de l'effrayer de cette manière...
Tout en marchant, Yanne leva les yeux pour vérifier que Jonas l’écoutait toujours et qu’il restait intéressé par les détails de sa multi-personnalité.

« Par ailleurs, si je te connais déjà, c’est en effet parce que nous partageons la même vie, les mêmes souvenirs, les mêmes sensations…
En fait, même si nous ne sommes pas tout à fait d’accord sur ce point, je dirais que nous n’avons qu’un seul corps, mais que celui-ci prend la forme de la personnalité prédominante du moment… »

Yanne ne voyait rien à ajouter, pour le moment… Si Jonas avait d’autres questions plus précises, il les poserait sûrement… Il n’y avait qu’à espérer qu’il saurait se limiter. Même s’il voulait rester sympathique, Colère n’en demeurait pas moins Colère, et malgré l’amusement qu’il avait à entendre l’accent et la syntaxe de Jonas, il n’avait pas envie de passer son temps à répondre à trop de questions…
Plus pour réorienter la conversation vers un autre sujet que par réelle inquiétude (ayant déjà pu constater plusieurs fois le résultat de visu, il demanda, esquissant un geste vers l’aile de Jonas :

« Euh… Sinon, ça va mieux, ton aile ? Je veux dire, depuis que Sérénité a essayé de te soigner, l’autre jour… »

Jonas avait écouté avec intérêt les réponses de Colère... enfin... Yanne... bref, il avait bien tout entendu, mais encore un peu de mal à saisir le tout et surtout se l'imaginer. Plusieurs émotions d'une même personne qui donnent des aspects et des personnalités différentes à un même esprit. D'ailleurs, où se situait alors la 'vraie' Yanne ? Comment est-elle ou il né ? En femme ou en homme ? Est-ce que l'entité 'Yanne' avait un sexe défini du coup et où se situaient du coup ses préférences sexuelles ? Jonas devait bien avouer qu'il s'était fait une amie (un ami ?) des plus intéressants en Yanne, ou plutôt en Sérénité pour l'instant, vu qu'il ne savait pas encore comment Colère allait réagir à lui. Autre question : que se passait-il si une personnalité éprouvait de la sympathie pour une personne et pas l'autre ? Cela générait des conflits ? Si jamais bien sûr les avatars des émotions se parlaient... Jonas s'imaginait une jolie ronde de discussion au fond de la tête de la pauvre Yanne et c'était pour le moins surréaliste comme image.

En un premier temps, les questions fusaient surtout dans la tête de Jonas, mais il ne savait pas trop s'il pouvait les poser. Lui-même avait déjà pu faire l'expérience des questions intimes concernant sa mutation et il savait que ce genre de situation était pour le moins gênant. D'autant plus qu'il avait l'impression que Colère essayait de dévier un peu le sujet de la conversation avec sa dernière question et tant mieux d'ailleurs, cela éviterait à notre cher allemand de mettre les pieds dans le plat. Il enchaîna donc sur la question de Colère en faisant bouger un peu son aile droite :

« Oui, cela va meilleur ! Merci à... toi... euh... Sérénité je voudrais dire. Je ne sais pas... cela est un peu difficile encore à apprendre, mais... tu comprends, je pense. »

Décidément, tant qu'à s'embrouiller, Jonas le faisait. Mais pour sa défense, il faut tout de même remarquer à quel point le tout était compliqué à comprendre. Il continua donc avec un sourire légèrement gêné :

« Ma aile va bien, mais j'ai eu... un rendez-vous... avec le plafond de la bibliothèque et je me suis encore fait mal à ma aile. Cela est une histoire longue ! »

Oui, pour être une longue histoire, la rencontre avec Miyu à la bibliothèque en était une ! Ne voulant pas trop insister sur ce sujet, Jonas enchaîna de suite sur une nouvelle question adressée à Colère :

« Et tu as fait quoi ? Du sport aussi ? Je vas aussi à la douche et si tu voudrais, nous pouvons faire le sport ensemble plus tard ! »

Ne se rendant pas encore trop compte des yeux féminins qui allaient peut-être pouvoir l'observer sous la douche, Jonas et Colère étaient entre-temps entré dans le château et se dirigeaient en direction des chambres. Jonas devait encore passer prendre une serviette et ses affaires de toilette avant de pouvoir vraiment passer 'à l'acte'.

Peut-être que cette rencontre était aussi le début d'une amitié avec le 'méchant' et 'dangereux' Colère comme Sérénité l'avait décrit et puis, le sport était peut-être un bon moyen pour 'amadouer la bête' !

Alors que Colère s’efforçait, chose déjà remarquable en soi, d’être indulgent avec Jonas quant aux difficultés que celui-ci rencontrait, il n’en allait pas de même pour tous ses alter egos… Bien sûr, Gêne n’osait pas faire remarquer ces bourdes et Tristesse avait plutôt tendance à compatir en silence, mais l’inconnu se moquait clairement du pauvre étranger :

* Mais oui, voyons, bien sûr qu’on comprend… Evidemment, cela est un peu difficile encore à apprendre, mais…
-Mais t’as vraiment pas de pitié, toi… Il y peut rien, le pauvre, il est pas français…
-Ah, mais ça, je le sais… Et puis au fond, je dois reconnaître qu’il fait quand même des progrès… Oui, c’est vrai, cela va meilleur !
-Bordel, vous voulez pas la fermer un peu, non ? C’est pas évident de parler avec quelqu’un en ayant en parallèle une discussion et des gloussements dans la tête…
-Je vais essayer, mais je promets rien, j’ai un peu de mal à me retenir, avec lui, pour être franc…*

Heureusement, Jonas semblait suffisamment perturbé par ses difficultés pour ne pas remarquer que Yanne était lui aussi un peu perdu dans ses esprits… à tel point qu’il n’entendit pas pourquoi Jonas s’était de nouveau blessé, mais alors qu’il allait lui demander de répéter, l’ange reprit aussitôt la parole :

« Et tu as fait quoi ? Du sport aussi ? Je vas aussi à la douche et si tu voudrais, nous pouvons faire le sport ensemble plus tard ! »

* En plus, il est très perspicace, ce garçon, dites-moi… Il voit un mec complètement trempé et fatigué se diriger vers le château et il comprend qu’il a fait du sport… Impressionnant !
-Tu sais, je pense qu’en posant une question, ça lui permet surtout de laisser une place au doute… Sait-on jamais ? Colère pourrait très bien simplement être tombé dans la piscine, non ? Ce qui pourrait d’ailleurs mieux expliquer sa présence à ma place que ma chute de tout à l’heure…
-Oui, ben ça, je suis pas obligé de lui parler des égratignures que j’ai, hein… Surtout que c’est pas passionnant, je trouve…
-N’empêche, moi, y a autre chose qui m’interpelle… Un mec qui parle d’aller à la douche et de faire « le » sport ensemble, moi, je me pose des questions… A votre avis, il est gay ou sa proposition s’adresse à Sérénité, en fait ?
-Toi, si tu veux bien, je vais te demander de la fermer, parce que sinon, ça va pas être possible ! Y avait des trucs intéressants dans ce qu’il a dit, là, quand même, à propos de sport…
-Cela dit, il a pas tout à fait tort, pour une fois… J’espère qu’il est pas en train de s’imaginer des choses, Jonas, c’est tout… Il est mignon, mais je dois dire que je préfère Sama…
-VOS GUEULES ! Enfin, vos pensées, quoi !
-Pour ce que j’en dis… En tout cas, viens pas te plaindre après s’il te fait des avances plus… poussées … *

Bien sûr, ce nouveau débat mental n’avait pas été instantané et les deux jeunes hommes avaient eu le temps d’arriver près de la grille d’entrée (et de sortie) des jardins… Un coup d’œil sur le côté suffit à Yanne pour repérer les sandales qu’il avait jetées pendant sa course, un peu plus tôt. Il alla donc les ramasser en répondant (enfin) à Jonas :

« Oui, j’ai fait un peu de sport… Quand j’ai l’esprit clair, je me rends compte que c’est une manière plus civilisée de se défouler que de taper sur les gens… En plus, ça me déplaît pas… Mais c’est vrai que j’avais pas de quoi prendre une vraie douche, je me suis juste rincé en sortant de l’eau, donc je pense que je risque d’y aller, oui… »

* Euh, Colère, je te rappelle que t’es pas le seul à voir par tes yeux, y a des âmes innocentes, ici, encore… Ce serait pas mieux d’éviter ?
-Mais depuis quand on se pose ce genre de questions, franchement ? Ils peuvent te voir toute nue dans la glace tous les jours, de toute façon, ça change quoi ?
-Nan, c’est pas pareil, là, c’est aussi leur corps… Pis même, ça se fait pas… Il en sait rien, Jonas, là…
-Je suis pas d’accord, Colère lui a expliqué ça y a pas cinq minutes ! Pis franchement, tu t’es pas posée ce genre de questions quand t’étais avec ton mec ! *

Si elle avait eu un corps, Sérénité aurait largement senti des larmes de rage lui monter aux yeux à cet instant… La haine qu’elle porta soudainement à son alter ego inconnu était si forte que Colère la ressentit aussi très profondément : outre l’assurance de garder sa forme encore quelque temps, cela lui donnait un nouveau motif pour se défouler, au moment même où il passait la porte du château, dans laquelle il donna un très violent coup de poing :

« HAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAA !!!BORDEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEEL !!! C’EST PAS FINI, OUI !? TU VAS T’EXCUSER TOUT DE SUITE ET LA FERMER UNE BONNE FOIS POUR TOUTES, COMPRIS !? »

* Ouais, c’est bon, ’scuse-moi, je ne savais pas que c’était un sujet si sensible… Je voulais juste donner un exemple et dire qu’on devrait vivre chacun comme on veut, on n’est pas obligé de se limiter tout le temps à cause des autres, sinon je peux vous assurer qu’on a pas fini…
-C’est bon, ça ira, on verra ça plus tard, il t’a dit de la fermer et pour le moment, je suis assez d’accord… En tout cas, merci, Colère, c’était gentil… *

Yanne ne s’était pas rendu qu’il avait crié à voix (très) haute. Ce n’est qu’en revenant à la réalité et en voyant la réaction de Jonas qu’il se rendit compte qu’il y avait peut-être un problème… La douleur qu’il ressentait dans le poing droit lui permit de comprendre qu’il ne s’était pas énervé que dans ses pensées…

« Euh…
Laisse-moi deviner, ça s’est pas passé que dans ma tête, c’est ça ? Désolé, ça te concernait pas, normalement… Tu veux bien oublier ça ? »

Esquissant un sourire qui se voulait amical, Colère cherchait un moyen de se faire pardonner pour la belle frayeur qu’il venait probablement de causer à Jonas. Par ailleurs, ce petit épisode l’énervait un peu : voilà enfin quelqu’un qui cherchait à la considérer comme quelqu’un de normal et il s’empressait de lui prouver qu’il était tout de même une véritable brute… Il espérait juste que Jonas arriverait à passer outre ce à quoi il venait d’assister…

» Edwen trouve ses marques au gymnase...