Un brin de solitude

La journée était magnifique et surprenante...

Tout avait commencé au réveil pour Enola. Un simple regard par la fenêtre lui avait suffit pour apercevoir un ciel bleu sans un nuage. Il faisait encore doux en ce début de septembre et la jeune fille avait l'intention de se promener dans les jardins, comme souvent à vrai dire. Elle s'était douchée, habillée et après un rapide petit déjeuner à l'écart de tous, elle avait emprunté le chemin vers son arbre préféré.

Jusque là, rien d'anormal. Oui mais voilà... ses pas l'avait tout naturellement conduite devant le tableau d'affichage et là, stupeur ! En plus d'apprendre que de nouveaux élèves allaient surgir, il y avait là une petite note indiquant... oui, oui, elle avait beau se frotter les yeux pour être sûre de ne pas rêver, son nom y figurait bien... Bref, Enola passait en deuxième année. Et ça pour une nouvelle inattendue, c'en était une. Il faut dire que la jeune fille n'était pas de la meilleure volonté qu'il soit en cours. Quant au progrès qu'elle avait fait, tu parles, c'est juste qu'elle s'énervait moins qu'avant.

Enfin... * gros soupir * ... ne dit-on pas que les méandres du cerveau des profs sont impénétrables ? (si, si, je vous assure, c'est bien ça l'expression :p)

C'est donc toute pensive qu'Enola s'installa entre les racines de son arbre fétiche. Elle sortit ses écouteurs de son sac et, se laissant bercer par la musique, laissa vagabonder son esprit... Après tout, ce n'était pas plus mal ce passage en année supérieure. On lui en demanderait sûrement plus en cours mais ça, elle sen moquait. Non, l'avantage, c'est qu'elle ne serait pas séparée de ses "amis"... enfin, des élèves qu'elle voyait évoluer depuis un an.

Elle ferma doucement les yeux et, immobile, se concentra sur le contact du vent sur son visage. Rien ne pouvait l'apaiser plus. Bien sûr, c'était un professeur qui lui avait appris cela, mais elle refusait de l'admettre... Non, l'école était simplement une maison pour elle, rien de plus...

Au fur et à mesure que le temps passait, Yanne se rendait compte que les vacances s’achevaient… Depuis plusieurs jours, déjà, elle avait pu remarquer ces « promos de rentrée » dans presque tous les magasins. Elle ne savait pas très bien si elle devait s’en réjouir ou non, en fait : elle avait adoré tout le temps passé avec ses parents et ses copines « normales », mais elle avait hâte aussi de retrouver ses semblables, d’autant qu’elle n’avait toujours pas réussi à parler de sa mutation avec ses proches. Colère, surtout, montrait de l’enthousiasme à l’idée de pouvoir de nouveau se confronter à Jonas. Pour Sérénité, il s’agissait surtout de l’ambiance de l’endroit, ainsi que sa sécurité : même si elle s’entendait mieux avec Colère et qu’ils tentaient souvent de gérer leurs transformations plus… amicalement, des accidents pouvaient arriver, comme sous l’effet d’une trop forte émotion… et puis, on n’était jamais à l’abri des farces qui pouvaient lui être préparées par un autre alter ego… Ce sujet commençait d’ailleurs à inquiéter un peu Sérénité. Il faut dire que Sarcasme, ainsi que s’était finalement présentée la personnalité « inconnue » qui avait participé à l’animation de tant de débats mentaux, avait promis quelques surprises pour bientôt, ce qui n’était, selon Sérénité, pas forcément bon signe. Sérénité était donc aussi rassurée par la fin des vacances, car cela signifiait au moins qu’il ne ferait rien d’inconsidéré devant un public non averti : il attendrait donc d’être entouré de mutants pour faire quelque chose d’inconsidéré.

C’est donc avec un mélange de sentiments contradictoires que Yanne, et plus précisément Sérénité, était descendue de la voiture qui l’avait ramenée au château. Ce voyage lui avait rappelé quelques souvenirs de sa première venue. Elle se prit d’ailleurs à refaire plus ou moins la même chose, au moins dans les lieux traversés, puisqu’elle passa au bureau de la secrétaire, pour la saluer et lui annoncer son arrivée, avant de retrouver sa chambre, inspirant toujours autant le calme et le repos, pour y ranger ses affaires. Amusée par la similitude avec l’année précédente, elle décida de pousser l’imitation plus loin et de faire un tour dans les jardins pour se détendre, en espérant toutefois que la comparaison s’arrêterait là, car la suite avait été nettement moins réjouissante, l’année précédente…

* Il faut admettre, aussi, que Gabryël n’avait pas fait preuve de beaucoup de tact, à l’époque, hein ?
- Oui, enfin il n’y pouvait pas grand-chose, le pauvre, heureusement qu’il avait son pouvoir, parce que tu es quand même plutôt violent quand tu t’y mets…
- C’est sûr qu’il faut pas l’énerver, notre Colère à nous, hein ? Gabryël a vraiment dû avoir la peur de sa vie : vous imaginez, vous, un grand type musclé qui vous fonce dessus à poil en beuglant ?
- Non, il ne vaut mieux pas imaginer, mais c’est vrai qu’il m’arrive de ne pas faire attention à ce que je fais… Bon, au moins, aujourd’hui, il y a moins de chances pour que je me retrouve à poil… Mais je promets rien pour le reste, héhé… *

C’était vrai que Sérénité avait pris l’habitude de porter des vêtements plus souples, au moins en bas : le pantalon qu’elle avait mis était assez large pour supporter la taille de Colère, sans être pour autant laid sur elle, juste très bouffant. Pour le haut, par contre, elle continuait de s’habiller de manière très légère, comptant sur sa rapidité à l’enlever en cas de métamorphose : Colère se retrouverait simplement torse nu, avec un (très) petit débardeur à la main. Heureusement, il avait appris à accepter le collier de plumes qui lui serrait un peu le cou, Sérénité y tenait beaucoup. Quant aux sous-vêtements, Sérénité avait dû se résoudre à faire une croix dessus, cela n’était pas compatible avec sa mutation… Et cela l’était même d’autant moins qu’elle avait au moins deux raisons de ne pas indisposer Colère, dans le cas où il prendrait sa place : la première était bien sûr qu’il était assez irritable et que l’énerver ne rendait jamais rien plus simple ; la deuxième était qu’elle commençait à beaucoup apprécier son alter ego, davantage que Sarcasme avec qui elle avait parfois un peu plus de mal, malgré ses piques parfois amusantes…

En tout cas, en arrivant dans les jardins, Yanne se sentit tout de suite à nouveau chez elle : cette atmosphère si calme, si paisible, comme dans sa chambre, c’était exactement ce dont elle avait besoin… Sérénité se sentait parfaitement apaisée dans cette partie du domaine, même si des surprises pouvaient encore arriver…
Par exemple, une chose à laquelle elle ne s’attendait pas vraiment était de voir Enola ainsi. C’est vrai, elle avait déjà pu remarquer l’année passée que la jeune fille s’installait souvent à cet endroit, mais en général, celle-ci la repérait aussitôt et lui enjoignait d’un regard peu amical de la laisser tranquille et de partir. Cette fois, pourtant, c’était différent : Enola était simplement assise contre l’arbre, les yeux fermés, écoutant de la musique et ne semblait pas avoir remarqué de présence étrangère. Yanne hésita un instant, se disant que sa camarade avait bien le droit qu’on la laisse un peu tranquille, c’était à l’évidence ce qu’elle recherchait dans les jardins ; d’un autre côté, Yanne se disait que c’était peut-être une bonne occasion d’aborder Enola… dans un lieu paisible… après des vacances reposantes… Si elle voulait qu’elles soient calmes toutes les deux pour une éventuelle discussion, c’était peut-être le meilleur moment… Et peut-être pas, mais ça, il fallait qu’elle essaye pour le savoir…
S’asseyant sans bruit contre un arbre en face d’Enola, Yanne ferma à son tour les yeux, écoutant le bruit de la nature à défaut d’une musique… Les oiseaux qui chantaient, le vent qui soufflait dans les feuilles, sa propre respiration… Puis elle interrompit ce moment, choisissant ses mots :

« On est bien, ici, n’est-ce pas ? Le jardin est sûrement un des endroits les plus reposants dans les environs, j’aime bien… »

Cette entrée en matière, pour peu qu’elle soit entendue par Enola, permettait de ne pas lui donner l’impression de la surprendre à paresser, mais de montrer déjà qu’elles étaient en train de partager un moment agréable, ce qui simplifierait peut-être les choses si elle voulait être perçue comme une amie…

[HRP] Comme toujours, si quelque chose ne te convient pas, notamment pour ce que je dis d'Enola, il suffit de le dire, je modifierai en conséquence. Wink

[/HRP]

Une mélodie douce, un vent tiède sur le visage... que demander de plus ? Avec un peu de recul, il fallait quand même reconnaître que cette année passée avait eu du bon pour Enola. Déjà, elle était plus calme ou du moins, un peu plus maîtresse de ses émotions. Bon, il y avait encore du travail à faire de ce côté-là mais lorsqu'elle se concentrait bien, elle avait presque l'impression d'être normale. Et puis, il y avait la lettre qu'elle avait reçu quelques jours auparavent. Elle en tremblait encore à y repenser. Sa soeur avait fini par la retrouver et prenait de ses nouvelles, lui racontant à quel point elle lui manquait. Bref, elle pouvait presque se risquer à dire qu'en cet instant, elle était heureuse.

Mais tout à son bien être, la jeune italienne en avait relâché toute sa vigilence. Aucun signe ne lui avait permis de sentir une présence autour d'elle. Elle était certaine d'être seule... quel choc lorsqu'elle entendit une voix qui ne venait, de toute évidence, pas de ses écouteurs. Le fourmillement familier de ses doigts reprit aussitôt, puis une flamèche apparut en l'espace d'un millième de seconde. Elle ouvrit les yeux, prête à bondir sur le malotru qui la dérangeait.

Ah ça, elle ne s'était pas attendu ça. Persuadée qu'elle allait avoir à faire à un de ses nouveaux élèves, à qui elle apprendrait rapidement à l'éviter, elle ne pensait pas avoir à faire à Yanne. Sa camarade était elle-même confortablement installée contre un arbre et Enola prit une grande inspiration.

*Respire, calme-toi... C'est peut être de prendre un peu sur toi !*

Elle baissa les yeux sur ses mains, consciente que tout énervement pourrait causer une nouvelle catastrophe, puis releva les yeux vers Yanne, en souriant timidement. Elle ne savait pas vraiment quoi dire... elle avait perdu l'habitude des conversations amicales. Elle avait plutôt passé ces dernières années en conflit permanent avec tout le monde. Aussi, elle chuchota, maladroitement :

"J'aime vrrrrraiment beaucoup aussi..."

*Inspire profondément... fais le vide... et reprend le contrôle de toi*

Les yeux de nouveau fixés sur ses mains, Enola se concentrait à présent de toutes ses forces pour éteindre la flamme qui grandissait à mesure que son coeur battait de plus en plus fort. Ce n'était vraiment pas le moment de faire fuir Yanne, pas maintenant qu'elle avait réussi à engager la conversation. Bon d'accord, ce n'était pas encore une conversation mais pour Enola, c'était déjà beaucoup...

[Un petit jet de dés pour voir si je maîtrise l'extinction de la flamme ? :p]

Maitre de jeu Nombre de messages : 69 Date d'inscription : 05/11/2006

[HRP]

Vous l'avez réclamé, le voilà! Le seul unique et merveilleux lancement de dés xD
Par contre une petite précision, pourriez vous m'indiquer le niveau concerné par votre pouvoir.
En lisant la description des prémices du pouvoir j'imagine qu'il s'agit d'un niveau 1, mais n'oubliez pas que vous avez tous gagné un niveau Wink

Donc:
Niveau de pouvoir : 1
Chance de réussite du contrôle : 50%
Résultat des dés : 25

Réussite classique, pas de beaux pompiers pour aujourd'hui Sad

[/HRP]

[HRP] Désolé pour le temps de réponse, je croyais d'abord que tu voudrais continuer un peu après le jet de dé, ce qui fait que je te laissais l'honneur... Enfin bon, voilà, c'est fait, maintenant... Razz

Même si je trouve ça pas vraiment top... Embarassed

[/HRP]

Attentive à la réaction d’Enola, Yanne avait bien sûr remarqué que celle-ci se sentait tout de même surprise et ne semblait pas apprécier particulièrement. Il lui sembla même apercevoir une légère lueur au bout de ses doigts, mais elle n’en fut pas certaine, ne voyant pas rien brûler… En tout cas, lorsqu’Enola la regarda, elle afficha un visage apaisé, Yanne n’y voyait aucune trace d’animosité. Ce petit sourire lui allait beaucoup mieux que le visage fermé qu’elle avait si souvent montré ! Pour une fois, Enola semblait amicale.
Partageant visiblement l’avis de Yanne, elle lui répondit tout doucement :

« J'aime vrrrrraiment beaucoup aussi... »

Heureusement que l’italienne eut aussitôt besoin de se concentrer sur ses mains, car il ne fait aucun doute qu’elle aurait sinon su déceler une désagréable impression sur le visage de Yanne. Il faut dire que les interventions mentales de ses alter egos et les émotions de certains pouvaient parfois se refléter un court instant sur le corps, selon l’intensité de ces sentiments et le contrôle des personnalités. Sérénité ne connaissant toujours pas réellement Sarcasme, elle afficha involontairement un bref sourire moqueur lorsque celui-ci s’amusa de la réponse d’Enola :

* C’est dingue, même quand elle chuchote, elle arrive à rouler ses « r » pendant trois plombes ! Je vais finir par croire qu’elle le fait exprès !
-S’il-te-plait, tu voudrais pas rester un peu en retrait, pour une fois. Apparemment, elle a l’air prête à parler, aujourd’hui, j’aurais pas envie de gâcher ça…
-C’est vrai, je pourrais rester en retrait… Je pourrais… Pour être honnête, je ne sais pas du tout si j’en ai envie : après tout, je suis ici à ma place autant que toi, non ?
-Ben en fait, c’est quand même moi qui contrôle le corps, pour le moment, je crois, donc je suis pas certaine que tu aies raison sur ce point…
-De toute façon, c’est pas ça qui est important. Je te laisse continuer la conversation, je verrais bien si j’ai envie d’y mettre mon grain de sel. Tu peux être certaine que je ne vais chercher à t’embêter un peu, haha ! *

Cela ne servait à rien de débattre plus longtemps : Sarcasme n’en ferait qu’à sa tête, comme d’habitude et elle ne pourrait rien y changer. Les rares fois où il s’était fait tout petit, il avait fallu que Colère hausse largement le ton, mais même cela ne suffisait pas toujours… Sérénité souhaita donc simplement qu’il pourrait malgré tout rester suffisamment discret pour ne pas la perturber, mais elle ne fondait pas trop d’espoirs…
A présent, elle avait plusieurs choix : elle pouvait chercher à continuer la conversation, mais il était possible aussi de partager silencieusement avec Enola ce moment de paix dans les jardins. Après tout, le peu qu’elles venaient de se dire ne traduisait-il pas une certaine envie de tranquillité ? Elle avait réussi à obtenir un sourire de la part de l’italienne, cela pourrait-il suffire pour avoir une conversation calme un peu plus tard ?

* C’est intéressant, tu viens ici pour discuter avec celle qui a refusé de te parler pendant un an, et quand enfin elle te répond, tu décides de ne plus rien dire… Il faudra que tu m’expliques ta stratégie, plus tard, parce que là, je trouve que c’est hors du commun… Je suis très impressionné… *

Sérénité parvint à ne pas relever la remarque de Sarcasme. Pourtant, il avait raison, elle ne pouvait pas le nier. C’était d’ailleurs bien cela qui était aussi énervant avec lui : il avait presque toujours raison quand il s’exprimait… Cela dit, ce n’était pas pour rien qu’elle représentait la part de Sérénité au milieu de ces personnalités : même si cela était souvent bien difficile, elle avait une aptitude à se calmer qui était plutôt efficace. Elle ne laissa donc rien paraître de son trouble quant aux remarques de Sarcasme.
Cela dit, même si elle sentait qu’Enola était dans de bonnes dispositions, Sérénité était consciente qu’elle devait peut-être éviter de la brusquer. Elle était venue la déranger ici : elle pensait qu’il ne lui appartenait pas de décider s’il fallait ou non continuer de parler.
Si Enola avait envie de rester au calme, elle y serait, une conversation pourrait toujours s’engager un peu plus tard.
Si par contre elle se sentait prête à discuter un peu avec Yanne et faire connaissance, elle prendrait sûrement la parole.
Pour sa part, Yanne avait refermé les yeux et écoutait les bruits autour d’elle, tant ceux provenant des jardins que ceux d’une éventuelle suite de la réaction d’Enola…

Toujours plongée dans la contemplation de ses mains, Enola resta la bouche ouverte, surprise. Elle avait réussi à se contrôler et par miracle, la flamme s'était éteinte. Elle sentait encore les battements de son cœur comme s'il allait surgir hors de sa poitrine mais la sensation n'était plus autant désagréable. A présent qu'elle n'avait pas à craindre les conséquences, elle était apaisée et plus encline à discuter.

Elle releva les yeux et observa Yanne. Elle semblait occuper et la jeune italienne se demanda ce qui pouvait bien se passer en elle. Elle l'avait vu, à plusieurs reprises l'année précédente, changer totalement de comportement et avait fini par supposer qu'elle avait plusieurs personnalités. En quoi cela relevait-il d'un pouvoir, elle l'ignorait mais elle se doutait que ce ne devait pas être toujours simple à gérer. Elle avait de temps en temps le regard un peu vitreux, comme si elle était absente et c'était justement le cas.

Aussi, Enola resta en silence jusqu'à ce que sa camarade ferme les yeux. Elle cherchait un sujet de conversation, se demandant bien ce qui pourrait les intéresser toutes les deux. Elle avait tellement perdu l'habitude des relations avec les autres qu'elle écartait les sujets les uns après les autres. Et c'est en dépit qu'elle opta pour une question vraiment banale :

"Tu as passé de bonnes vacances ?"

Ben voilà, c'était pas si dur que ça !

[Pas très inspirée sur ce coup-là Sad

Je ferais mieux la prochaine fois ^^]

"Tu as passé de bonnes vacances ? "

D’accord, Enola se sentait donc prête à discuter, apparemment… Et même à essayer d’en savoir un peu sur Yanne. Bon, c’est vrai, elle avait probablement posé cette question sans y penser, comme de nombreuses personnes demandent de nos jours si ça va, sans même se préoccuper de la réponse, si réponse il y a… Cependant, Yanne préférait tout de même répondre sincèrement et tenta donc de faire un petit bilan des deux mois qu’elle avait passés loin de l’école…

Elle avait passé du temps avec ses parents et avec ses copines du lycée… d’avant sa venue à X-School. Le problème pour Yanne était qu’elle n’avait toujours pas réussi à parler de sa mutation, ni avec ses parents (bien qu’ils fussent au courant, puisque c’est eux qui l’avaient plus ou moins inscrite ici), ni avec ses amies, qui avaient pourtant été ses confidentes pour certaines. Elle avait donc essayé de continuer de cacher ce problème, ce qui n’avait pas toujours été évident, notamment en raison de ses absences dues aux discussions mentales. Eviter les maladresses lorsqu’on lui posait des questions était par contre facilité par cette cohabitation avec ses alter egos, puisqu’ils pouvaient l’aider à ne pas révéler trop de choses ou se contredire.
Pourtant, Yanne avait adoré retrouver ses amies, avec qui elle s’était tout de suite sentie comme avant. C’était comme si rien n’avait changé, comme si elles ne s’étaient jamais séparées… Assurément, oui, Yanne pouvait dire qu’elle avait adoré les vacances qui venaient de s’achever…
La voix enjouée de Sérénité répondit donc à la question d’Enola :

« Oui, c’était vraiment super, merci ! J’ai pu revoir un peu mes parents et pis des copines du lycée, d’avant ! Très sympa, on a passé plein de bons moments ! »

*Oui, et puis, c’était très plaisant aussi de voir tes copines se balader en bikini, à l’occasion… *

Sérénité ignora totalement ce commentaire. Elle n’avait pas plus envie que ça de continuer à laisser Sarcasme la déranger dans cette conversation avec Enola. Elle ne pouvait pas l’empêcher de distiller ses remarques acerbes, mais elle pouvait essayer toutefois de faire comme si de rien n’était. Elle continua de sa voix enjouée, sans qu’il semblât qu’elle avait été interrompue par quoi que ce soit.

« Si tu veux, je pourrai te raconter… Et pour toi, ça s’est bien passé ? Tu as aussi pu retrouver tes proches ? »

Inconsciente de ce que pouvait signifier pour Enola ce qu’elle venait de dire, Yanne faisait en même temps son sourire le plus joyeux, qui montrait qu’elle était vraiment en train de passer un moment agréable, dans ce jardin qui lui plaisait, à parler (enfin !) avec cette fille si isolée…
Un instant, elle se demanda presque pourquoi elle avait tant cherché, d’ailleurs, à discuter avec cette fille tout au long de l’année précédente… Sans qu’elle s’y attende le moins du monde, la réponse ne se fit pourtant pas attendre…

* Parce qu’elle m’a vraiment beaucoup plu la nuit où je l’ai aperçue dénudée dans sa chambre. *

Sous le coup de la surprise, Sérénité ne réagit pas tout de suite… Elle ne devait pas écouter ce qui se passait en elle, mais elle devait au contraire rester attentive à ce qu’Enola allait sûrement lui répondre. Pourtant, se rendant compte qu’elle ne connaissait pas cette voix suave et envoûtante, elle ne tint plus, son regard redevint vitreux…

* Qui est là ? Et qu’est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire ce que j’ai dit, tout simplement. Même si elle n’est pas la seule à me plaire, elle est en tout cas celle qui m’a le plus donné envie de la connaître… D’ailleurs, je trouve que tu ne t’y prends pas forcément très bien, là… Enola est sans défense, ouverte à toute conversation, et toi, tu y vas par quatre chemins, voire plus… Je vais voir ce que je peux faire… *

A peine ces mots avaient-ils été prononcés dans la tête de Sérénité qu’elle sentit une personnalité émerger pour tenter de prendre possession de son corps. C’était totalement inattendu, d’autant que Sérénité ne s’était encore jamais rendue compte de l’existence de cette personnalité parmi ses alter egos… Sa seule chance de ne pas succomber résidait entièrement dans ses réflexes de contrôle, améliorés au cours de l’année précédente…

[HRP] Bon, et bien voilà… Je demanderai donc à notre MJ 1 bien aimé de réaliser un lancer de dé, pour une tentative de contrôle du corps face à un personnage de niveau 2. [/HRP]

Maitre de jeu Nombre de messages : 69 Date d'inscription : 05/11/2006

[HRP]

Donc:
Niveau de pouvoir : 2
Chance de réussite du contrôle : 25%
Résultat des dés : 48
Échec du contrôle de cette nouvelle personnalité, voilà qui va mettre un peu de piment dans cette paisible conversation ^^

Bon jeu Wink

[/HRP]

Sérénité avait senti dès le début que cette « bataille » était mal engagée. Elle n’avait pas réussi à s’améliorer beaucoup sur les réflexes de défense mentale, malgré ses progrès sur des affrontements plus prévisibles… En tout cas, elle ne tarda pas à succomber face à cette facette inconnue d’elle-même…

Le corps de Yanne changea assez rapidement… Elle devenait un peu plus grande, ses cheveux s’allongèrent et foncèrent, tandis que son visage s’arrondissait légèrement ainsi que ses yeux, ses sourcils et ses mains s’affinèrent… Il ne fallut pas cinq secondes pour qu’une jeune fille brune se trouve à la place exacte de Sérénité, arborant le même tatouage derrière l’épaule gauche et portant les mêmes vêtements, qui semblaient d’ailleurs s’harmoniser encore mieux avec ce nouveau corps…

Plongeant ses beaux yeux bruns dans ceux d’Enola, la jeune fille parla d’une voix chaude, envoûtante :

« Salut, Enola. Je voulais absolument te parler moi-même, Sérénité ne s’y prenait très bien, je trouve. Tu peux m’appeler Yanne ou Passion, c’est comme tu veux. Oublie donc ce que Sérénité a pu te dire juste avant, n’hésite pas à te confier à moi, je saurai t’aider à sortir de ta solitude et être ton amie beaucoup mieux qu’elle… Si tu le veux bien, je serai même plus que ça… »

Dans la tête de Yanne, Sérénité et Colère étaient à la fois surpris et charmés par cette nouvelle personnalité. Aucun des deux n’avait imaginé qu’un tel alter ego existait. Sarcasme, par contre, semblait au courant depuis bien longtemps de l’existence de cette jeune fille si séduisante. Cependant, ne voulant rien rater du spectacle de son premier passage à l’acte, même lui parvenait à se taire et à laisser la magnifique brune tranquille…

Passion, quant à elle, s’était légèrement rapprochée d’Enola tandis qu’elle lui parlait. Sa dernière phrase avait même été accompagnée d’un mouvement sensuel de la main vers l’italienne, comme si elle essayait de lui caresser la joue de loin…

La question d'Enola était certes banale mais au moins, la conversation était lancée. Et à l'allure ravie que Yanne arborait en répondant, il était clair que ses vacances s'étaient admirablement bien passées. La jeune italienne se laissa dériver dans un rêve où elle aussi, elle rentrait chez elle et passait du temps avec tous ses proches. Son regard se voila très vite en songeant que ce n'était là qu'une douce utopie. Comment pourrait-elle revoir ceux qu'elle aimait alors qu'elle était si dangereuse pour eux ? Elle se prit à espérer ne pas avoir posé cette question là... la suite était prévisible et ne tarda pas...

Tu as aussi pu retrouver tes proches ?

Elle ne savait pas quoi répondre. Elle ne pouvait se résoudre à expliquer ce qui la rongeait mais ne vouliat pas mentir à Yanne, qui semblait vouloir être amie avec elle. Comment expliquer qu'elle était bien retourner chez ses parents mais n'était pas allée les voir ? Enfin si, elle les avait vu mais de loin, veillant à ne jamais se faire repérer. Elle les avait vu heureux, loin d'elle. Sa soeur avait grandi et semblait s'épanouir dans un groupe d'amis qu'elle perdrait à coup sûr s'ils venaient à découvrir le monstre qu'Enoal était. Elle ne s'était jamais sentie aussi seule que durant ses vavances et avait fini par être soulagée de revenir à l'école.

Elle tourna la tête pour ne pas montrer sa faiblesse passagère et répondit :

"Je n'ai pas eu le temps d'aller les voirrr"

Inutile de s'étendre plus sur le sujet. Elle jeta un coup d'oeil rapide à sa camarade et constata, soulagée, qu'elle avait de nouveau le regard vitreux. Avec un peu de chance, elle n'aurait pas perçu son trouble.

Comme c'était étrange de voir son visage à présent... à croire qu'elle livrait un combat. D'ailleurs, Enola eut, l'espace d'un instant, l'impression que la morphologie de son interlocutrice changeait. Mais non, ce n'était pas une illusion... elle changeait bien, comme elle l'avait vu quelques fois faire au cours de l'année précédente. A qui allait-elle avoir à faire ? La grosse brute colérique qu'elle avait souvent entraperçu au gymnase ? Ou bien, la personnalité toute timorée de Yanne ?

Et bien non, Enola constata, les yeux équarquillés, qu'elle se trouvait devant une parfaite inconnue. Plus grande que sérennité, brune, les traits fins, il se dégageait de la jeune fille une forte sensualité. Une grande confiance en elle aussi et l'italienne se sentit hypnotisée. Elle écouta ainsi Passion se présenter, la bouche légère ouverte de surprise et ne bougea pas d'un millimètre, comme figée, jusqu"à ce qu'elle perçoive un mouvenment dans sa direction.

Instinctivement, elle recula.. et inflamma l'herbe qui se trouvait entre elle et sa camarade. Décidemment, le moindre événement imprévu et voilà que tout partait en vrille. A fleur de peau, Enola était telle une bombe à retardement.

*Respire, respire...*

[Dur, dur de s'y remettre. Résultat, j'aime pas le résultat ^^ mais au mins, j'ai posté avant la fin du week end :p]

Comme elle aurait pu s’y attendre, Enola était d’abord restée bouche bée devant son apparition… Au fond, cela aurait pu faciliter son approche, mais Passion préférait tout de même que sa première… victime ne soit pas amorphe… La réaction de l’italienne devant son premier mouvement l’exauça… enfin un peu d’action…

* Mais dites donc, c’est qu’elle est toute chaude, la petite italienne ! Et forcément, à cet âge-là, on contrôle pas bien, ça part parfois tout seul !
- Toi, tu seras gentil de bien vouloir la fermer dans ce genre de situation… J’ai besoin de pouvoir me concentrer sur les signes de faiblesse qu’elle pourrait montrer, sinon, je pourrai pas conclure maintenant…
- Attends, ça veut dire quoi, ça, qu’est-ce que tu veux lui faire, au juste ?
- Ne te fais pas plus niaise que tu n’es, Sérénité, je t’en prie… Et d’accord, Passion, je vais essayer de me retenir, ça promet d’être intéressant… *

Passion savait qu’elle serait capable de gérer les pensées de Sérénité ou de Colère, ils avaient pour le moment moins de force mentale qu’elle, elle le sentait… Par ailleurs, Sarcasme ferait son possible pour ne pas la déranger, il avait bien trop envie de profiter du spectacle, mais cela n’était pas une garantie : il ne savait pas toujours se retenir… Quant à Tristesse et Gêne, ils ne valaient même pas, selon elle, la peine qu’elle se préoccupe d’eux… En tout cas, elle pouvait à présent songer à la manière dont elle allait tenter d’approcher Enola, qui semblait relativement effrayée, même s’il lui était impossible de déterminer si la cause en était son apparition ou les flammes qui étaient apparues…
Passion s’allongea dans une pose lascive, en prenant garde de ne pas se placer aux endroits fraîchement brûlés : elle ne savait pas à quel point cela pouvait être chaud et donc risqué pour elle.

« Je comprends parfaitement ta réaction, Enola… C’est vrai, tu ne dois pas avoir l’habitude de ce genre de proposition… Tu préfèrerais peut-être un endroit un peu plus intime que ce jardin où n’importe qui peut venir ? Je ne sais pas si j’ai beaucoup de temps devant moi, alors j’aimerais pouvoir en profiter… »

Même si elle savait qu’elle venait de faire un mensonge éhonté (dans la mesure où elle se sentait assez forte pour prendre le contrôle à peu près quand elle voulait), Passion misait à peu près tout là-dessus. Elle avait peut-être fait une erreur de calcul en se montrant ainsi, Enola n’était pas le genre de fille à apprécier la compagnie à ce point… L’idée de manquer de temps pour faire connaissance pouvait être sa meilleure chance d’amadouer cette beauté, même si elle sentait que cette chance était infime… Peut-être qu’elle allait devoir être patiente, finalement, ce qui ne lui plaisait pas plus que ça… Mais elle ne pouvait pas se permettre d’être trop exigeante, car Enola était aussi assez dangereuse, si on la brusquait : un autre genre de beauté fatale…
Tout en réfléchissant à cela, Yanne se mit à rouler légèrement sur le côté, afin de mettre ses formes en valeur et prendre la température… enfin… voir comment Enola réagissait si elle commençait à se rapprocher légèrement de la sorte…